vendredi 8 mai 2015

J'ai toujours été un garçon

Aussi loin que je me rappelle j'ai toujours été un garçon. C'était simplement comme ça que je me voyais. Pas de grandes théories, juste une façon de vivre et d'appréhender le monde.

J'ai toujours eu une coupe de cheveux de garçon comme mes frères. Je jouais aux Playmobils et aux petites voitures. Quand je jouais avec mes voisines, j'étais le "papa". En revanche, je n'ai jamais pratiqué aucun sport sauf grimper aux arbres si on peut considérer ça comme un sport.

Montrer mon corps dans un vestiaire, ça m'effraye même maintenant que je suis opéré de partout.
Un vestiaire c'est un lieu de rivalité et de concours de quéquéttes : ça m'emballe pas du tout. La plage ou n'importe où ailleurs je suis fier de montrer mon corps : il est beau. La testostérone et la chirurgie l'ont rendu conforme à ma façon de me voir. Tout va bien. C'est reposant pour la tête.




Je n'ai jamais porté ni jupe ni robe dans la vie de tous les jours. J'acceptais, pour avoir la paix, de faire l'effort de m'habiller en fille le dimanche matin pour aller à la messe. Ma famille est catholique. C'était une concession pour être tranquille. Ma manière de faire un pas vers mon entourage.
On ne peut pas imposer sa vision des choses catégoriquement. La tyrannie ne mène à rien.


Pour tout le monde, j'étais un garçon manqué et ça ne me gênait pas plus que ça.
Je croyais qu'à l'âge adulte, je deviendrai une femme, que la puberté allait m'aider dans ce sens. Malheureusement, ce fut un véritable cauchemars.

Internet n'existait pas et les seuls transsexuels que je voyais à la télé me renvoyaient une image erronée du transsexualisme. Ils dissociaient le corps et l'esprit : un homme dans un corps de femme. Tout ça était faux dans mon cas : c'était le corps qui souffrait.

C'est dans une de ces émissions du début des années 1990 que j'ai découvert la phalloplastie... Pour moi ça a été fatal. Je ne pouvais pas être transsexuel parce que je ne voulais pas de phalloplastie. CQFD. Circulez y a rien à voir...


1983 : Devant la télé familiale noire et blanc, tube cathodique et pas de télécommande !
J'ai découvert la metoidioplastie à 31 ans. Vous imaginez même pas le choc que ça m'a fait, il m'a fallu encore 3 ans pour me remettre de ça. J'ai commencé la testo à 34 ans.

Maintenant j'ai 39 ans. Ma transition est derrière moi et devant il n'y a que du bonheur :-)


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